26/02/2010



Paolo Giordono

La solitude des nombres premiers


Deux humains, Mattia etAlice. Ils grandissent et s'arrachent de la normalité par un traumatisme physique pour l'une, et une erreur inoubliable qui culpabilise à vie l'autre.
Ils se frôlent et puis jouent à s'oublier l'un l'autre, se blessant et se caressant plutôt maladroitement.
Mattia sera un homme seul et trop bon scientifique, Alice se perdra dans une histoire absurde, devient photographe.

J'ai aimé ce livre, de son titre à son écriture. Elle râpe et elle arrache les vieilles peaux, mais aussi un peu des chairs vivantes pour que le sang affleure et les veines ne soient plus devinées par transparences mais exposées dans leurs charpies dures.

rappelle

tout les gens paumés qui nous croisent et qu'on auraient pu aimer, les histoires inventées sur le pouce à cause d'un regard, les quiproquo



il y a 2 mois

26/01/2010

Théâtre expresse - love Sophia




Amélie Nothomb

Les combustibles


Le Professeur, son assistant et admirateur Daniel, et Marina, élève de l'un et amante du second. Dans une ville en mauvais état, parcourue par les balles et les soldats. Il fait très froid, il neige dehors, pas encore dans l'appartement où les trois caractères se rejoignent et parlent. Mais la guerre empêche le bon fonctionnement du chauffage et aller à l'université se coller aux radiateurs est assez dangereux vu la régularité des explosions. Donc Marina supporte de moins en moins le froid, le Professeur décide de bruler ses livres une fois les meubles sacrifiés au maximum, et il doit sélectionner les quels peuvent bruler et ceux qui sont trop précieux pour disparaître. Surtout que sa collection est assez unique et diversifiée pour poser de nombreux dilemme littérairement moral.

J'ai un peu aimé, surtout pour le moment où on passe à des joutes sur l'intérêt de tel ou tel bouquin au fait que le Professeur s'amuse finalement à défendre des livres qui ne lui plaise pas vraiment à ses cours magistraux. On entre dans le cœur de l'écrit et de la lecture, des impostures qu'on s'impose et des plaisirs secrets qui s'exposent sont plus vibrants que les faux choix du début. Une autre part aussi, de Marina dans le froid, comment elle se cache dans le corps d'un autre pour lui prendre du répit tout en oubliant ses préjugés moraux pour un peu de réconfort. Daniel est le plus agaçant et en même temps, il est celui qui gratte la plaie et reste ancré dans une sorte de normalité.

rappelle

Pas grand chose. C'est le principe de Nothomb?
Bon, un peu Fahrenheit 451 quand même.




Lu il y a quelques semaines.

17/01/2010

SF assez hard - love Sophia



Vercors

Les animaux dénaturés

Un scientifique britannique va découvrir un espèce inédite, celle qui manquait entre l'homme et les singes. Il surnomme ses individus les Tropis, et va devoir finalement chercher ce qui fait d'eux des êtres humains ou non, en se rendant compte qu'aucune lois ne détermine le statu d'humanité.
Pour obliger la justice à statuer, il tuera un Tropi enceinte, et sa condamnation ou non décidera du sort de cette espèce.

J'ai aimé, surtout parce que je l'ai lu avant d'avoir des cours de philosophie: il est écrit de façon légère, ironique, avec du suspens, une question existentielle et sa réponse selon l'auteur, et de la science.
C'est la conclusion qui m'a plus vraiment, avec cette idée que des êtres conscients sont les seules qui vont s'inventer des croyances, des rites, des tabous et des interprétations illogiques.
Mais une fois le cours sur "matière, vivant, esprit" et "réel" passé, je me dis que les réponses sont peut être aussi ailleurs, ou plus simple, ou plus complexes...

rappelle

Un Langelot avec des singes.
Les chimères de la morts de Simard.
La caresse, nouvelle dans le recueil Axiomatique de Greg Egan.

Lu l'été dernier, un reste du cdi.

16/01/2010

De la guerre


Philippe Claudel

Le rapport de Brodeck

Brodeck doit écrire l'histoire de son village, puisqu'il est le seul à pouvoir le faire. Cette histoire, il ne l'a en partie pas vécue, il était au combat et ne l'a appris que trop tard. Il va décrire la haine d'un étranger et les viols sans fards, mais en prenant un temps, un rythme lent comme une feuille qui pourrit sur un chemin humide. Les horreurs qu'il décrit deviennent autres choses, plus obscènement proche de lui jusqu'à se fondre en son passé et présent, où il est devenu presque traqué par ceux qui lui demandent de témoigner.

J'ai aimé mais c'est une fable angoissante qui reste collée à la peur et l'ourle parfois d'une nuance glauque et belle que je ne trouverais pas ailleurs. Ce bouquin respire et explique la peur, pourquoi les autres nous feront surement mal, comment les angoisses vont monter jusqu'à nous ouvrir les yeux la nuit et pleurer un peu. Ou c'est comme ça que je l'ai pris. Mais il montre aussi la beauté du courage et de la justice, où s'arrête la loyauté et si il faut qu'elle s'arrête, pleins de thèmes qui s'entrechoquent pour me remplir de passions, mais toujours de peur.

rapelle

1984 d'Orwell.
Et un tableau d'un femme morte dans un étang.





(Lu il y a un an ou même deux. Noël?)

SF pro-pubère



Kevin Brooks

Being

Robert Smith a 16 ans, mal au ventre, et une vie qui fait un peu vide. Orphelin, il est passé de mains en mains pour finir récemment chez une famille plus agréable que la moyenne. En passant, il a rencontré pas mal de personnes de divers milieux.
Après s'être retrouvé drogué et fait ouvrir le ventre éveillé, alors qu'il pensait seulement subir une endoscopie rapide et banale, il sent une énergie étrange parcourir son corps et pendant que ceux qui l'éventrent hallucinent devant le spectacle qu'offre ses entrailles, il va réagir efficacement. Assez en tout cas pour échapper à l'organisation mystérieuse qui va le faire passer pour un criminel, histoire de le retrouver un peu plus vite. Fuir va lui permettre d'évacuer un temps un problème qui le ronge sourdement depuis qu'il a vu ce qu'il a dans le corps, et à quel point ce n'est pas humain: qu'est ce qu'il est? Il faire l'amour et chie comme un autre. Mais dans son sang volètent des particules argentés, des huiles noirs ou brunes, rouges et blanches.

J'ai aimé, même si il finit avec un cliffhanger plus stressant qu'un cours d'histoire sur la guerre froide et ces détentes qu'on attend en croyant les deviner.
Notre science si profonde de notre fonctionnement physiologique est elle si universelle? Des robots peuvent ils être différenciés des humains, s'ils font la mêmes choses mais d'une manière différentes? Etc. Mais le plus intéressant était en fait le rapport aux autres de Robert-John-Robin, bien que celui qu'il développe avec son corps est prenant aussi.
Mais le suspens final donne envie de frapper l'auteur. S'il ne fait pas de suite, c'est un malotru qui nous branle finement et subtilement tout le long des pages, mais si légèrement, avec tant de caresses qui s'égarent agréablement sur les fesses et les joues, qu'à la fin la seule issue pas trop frustrante, c'est de finir le boulot soi même pour enfin parvenir à un dénouement jouissif pour le cervelet.
Bizzarement, je refuse de croire qu'on peut laisser une fin aussi ouverte et sans explication en guise de paraphe. Si il n'y aucune suite, alors le sens du roman gagne en mystique ce qu'il perd d'excitant en fiction. La quête de soi chez l'adolescent, de ses sens et pertes de contrôles, comment on devient homme, tchiptchiptchip. Si on ne s'ouvre jamais le ventre, on se sait pas si notre estomac est comme celui d'un être humains normalement constitué et toute cette sorte de chose.
Entre le décevant et la satisfaction du beau geste.

rapelle

Stupidement, Harry Potter. Le cinquième, en particulier.


Lu entre hier et aujourd'hui.

03/01/2010

Nouveaux contes


Marguerite Yourcenar

Nouvelles Orientales

Dedans, il y a dix nouvelles, qui ressemblent beaucoup à des contes de près. Celles qui encadrent le recueil parlent de peinture; celles qui sont juste après ou juste avant, toutes deux évoquent les grandeurs et petites folies de Marko Kraliévitch; les femmes impossibles se meuvent dans la troisième, quatrième, septième et dixième histoire, toujours accompagnées d'un homme impuissant car mourant, trop respectueux, déjà mort ou foules lubriques; la cinquième et la sixième sont, elles, à propos d'autre chose que des femmes, bien qu'elles en aient un temps le corps et le charme portés à leur perfection.

J'ai aimé, et même adoré, comme des vieilles idoles trop sensuelles ou trop belles. Comment Wang-Fô fut sauvé est ma préférée, parce que je l'ai vu mise en image dans une bande dessinée éthérée et ouatée qui m'a transféré, modeste, l'ambiance sans prétendre au génie du peintre.

rapelle

Un livre de conte japonais.
De loin La Trilogie de l'Empire, de R.E. Feist.
Le Clan des Otori, de L. Hearn, pour certaines morales.

SF pro-pubère


Fabrice Colin

Invisible


En 2020, Tiago vit dans des bidonvilles et vit avec son pote Douglas de 15 ans, comme lui. Ils trafiquent plutôt tranquillement, tout étant relatif dans les zones sans lois de Rio de Janeiro. Mais manque de chance, une de leur attaque de fourgon blindé se révèle à la fois désastreuse et beaucoup plus intéressante que prévue, et ils se retrouvent en possession sans le savoir, de nano-robots. Ceux ci sont destinés à anéantir d'autres bidules petits comme une molécule, et pour cela, font un peu ce qui leur passe par l'essaim constituant leur cerveau.
Tout finis à peu près bien pour quelque minute, mais on sent la catastrophe qui va bientôt remonter.
Un thème vient s'incruster lentement le long des aventures frénétiques de Tiago, pour finir par en devenir le dernier rebondissement: il devient une copie de son esprit, après s'être dupliqué sur Heaven, un nouveau logiciel fabuleusement cher piraté par Douglas, informatiquement membré.

J'ai moyen apprécié les pirouettes bizarres sentimentalement (oh la bonasse que la terreur de Rio se tape, si j'en devenais follement amoureux et qu'elle n'était pas indifférente à mes charmes?) mais le sacrifice final était bienvenu, rajoutant la touche mystique et en même temps ironique qui manquait au bouquin pour être autre chose qu'une prospection intéressante mais trop simplifié.

rapelle

Vaguement un truc. Il faut que je cherche mieux.